L’hôtel Carlton à Biarritz (1910)

Marie d'Albarade

Situé en face de l’Hôtel du Palais, on ne peut qu’admirer les monumentales façades de ce magnifique palace conçu par l’architecte Cazalis.

Au départ, le terrain n’est que sables et marais. Acquis et assaini pour le domaine impérial de Napoléon III, il est vendu en 1881 par la Banque parisienne. Lorsque Félix Labat, industriel à Madrid, s’en rend propriétaire, il y fait construire la villa « Labat » ainsi que le Chalet « Eugène ». Sept ans plus tard, il cède un bail de 40 ans à la Société anglaise « Biarritz Carlton Hôtel Limited » pour un « grand hôtel de voyageurs ». Les villas existantes sont conservées sur le terrain, dont la pittoresque villa Labat, chef-d'œuvre Art nouveau imaginé par Gustave Huguenin.

En 1908, cette propriété, qui se trouve sur le futur site du Carlton, est menacée de démolition. Alfred Boulant, figure influente à Biarritz, refuse la dispersion de cette œuvre d'art. Il l’achète, la réinstalle, pierre par pierre, sur son terrain voisin et la renomme « Cyrano », en hommage à Edmond Rostand. Le chalet Eugène est à son tour démonté et rebâti avenue de la reine Victoria.

L’espace ainsi libéré permet la construction du Carlton. Inauguré en 1910, ses cinq étages offrent 300 chambres luxueuses, chacune avec salle de bain. La décoration raffinée et variée assure intimité, élégance et confort. L'entrée majestueuse en marbre et les vastes fenêtres illuminent les hauts plafonds. Le salon, orné de miroirs et de lustres en cristal, mène à un escalier d'honneur conduisant aux étages supérieurs. Une large terrasse à l'ouest offre une vue sur les jardins du Palais et l'océan.

Le succès est immédiat. Outre la colonie russe, les ténors du monde politique et artistique s’y pressent. Le Carlton est également prisé par les héros de l'aviation du début du XXe siècle, tels que Tabuteau, Malherbe et Santos Dumont.

En 1926, l’hôtel s’agrandit d’une aile, avant d’être surélevé l’année suivante. Trois ans plus tard, il passe aux mains de la société de l’Hôtel Miramar.

Dans les années qui suivent la Seconde Guerre mondiale, il vient s’ajouter à la liste des établissements vendus en copropriété.

Aujourd’hui, l’entrée principale sur l’avenue Victoria reste somptueuse avec sa marquise de belle maçonnerie. Sur la grille de la porte, on aperçoit encore les lettres dorées entrelacées « HC ». Un peu comme la signature d’un bâtiment qui ne peut mourir.